Un peu d’histoire…

Cette maison appartenant à Jules et Elisabeth Amiot est située au 4 rue du Saint-Esprit à Illiers. C’est Elisabeth qui inspirera à Marcel Proust le personnage de Tante Léonie. Elisabeth, de son nom de jeune fille Proust est la tante du côté paternel de l’écrivain et son mari, Jules Amiot, a inspiré en partie le personnage de « l’oncle Octave » dans l’œuvre « À la recherche du temps perdu » de Marcel Proust.

La maison et le roman…

La maison de Tante Léonie tient une place importante pour l’écrivain. Pour le vérifier, il suffit de se rappeler la narration dans « À la recherche du temps perdu », que l’écrivain fait de ses soirées d’enfance à Combray et du drame du coucher.

« Ma seule consolation, quand je montais me coucher, était que maman viendrait m’embrasser quand je serais dans mon lit. Mais ce bonsoir durait si peu de temps, elle redescendait si vite, que le moment où je l’entendais monter, puis où passait dans le couloir à double porte le bruit léger de sa robe de jardin en mousseline bleue, à laquelle pendaient de petits cordons de paille tressée, était pour moi un moment douloureux. Il annonçait celui qui allait le suivre, où elle m’aurait quitté, où elle serait redescendue. » « Du côté de chez Swann », Marcel Proust.

Marcel Proust a environ 9 ans, la dernière fois qu’il séjourne chez sa tante. C’est durant ses visites qu’elle lui offre une madeleine (en forme de coquille Saint-Jacques) trempée dans du thé, qui fera resurgir des années plus tard le souvenir de ses séjours d’enfance. C’est ce que l’on appelle « la réminiscence », un rappel à la mémoire d’un souvenir. C’est donc à Illiers-Combray que l’expression « c’est ma madeleine de Proust » tire son origine.

« Il y avait déjà bien des années que, de Combray, tout ce qui n’était pas le théâtre et le drame de mon coucher n’existait plus pour moi, quand un jour d’hiver, comme je rentrais à la maison, ma mère, voyant que j’avais froid, me proposa de me faire prendre, contre mon habitude, un peu de thé. Je refusai d’abord et, je ne sais pourquoi, me ravisai. Elle envoya chercher un de ces gâteaux courts et dodus appelés Petites Madeleines qui semblaient avoir été moulées dans la valve rainurée d’une coquille de Saint-Jacques. Et bientôt, machinalement, accablé par la morne journée et la perspective d’un triste lendemain, je portai à mes lèvres une cuillerée du thé où j’avais laissé s’amollir un morceau de madeleine. […] Et tout d’un coup le souvenir m’est apparu. Ce goût, c’était celui du petit morceau de madeleine que le dimanche matin à Combray (parce que ce jour-là je ne sortais pas avant l’heure de la messe), quand j’allais lui dire bonjour dans sa chambre, ma tante Léonie m’offrait, après l’avoir trempé dans son infusion de thé ou de tilleul. » « Du côté de chez Swann », Marcel Proust.

Après 1880, la famille Proust dû renoncer aux vacances familiales, le petit Marcel étant de santé fragile, il faisait régulièrement des crises d’asthme lors de ses visites à Illiers.

Visitez le Musée Marcel Proust

Informations pratiques

le Musée Marcel Proust
-4 place Lemoine 28120 Illiers-Combray

Horaires du musée :
  • En basse saison (de novembre à mars) : de 13h30 à 17h30 du mardi au dimanche
  • En moyenne saison (avril, mai, juin, septembre, octobre) :
    de 13h30 à 17h30 du mardi au jeudi, 11h à 17h30 du vendredi au samedi
  • En haute saison (juillet et août), de 11h à 18h00 du lundi au dimanche

Tarifs : 9€ par personne ; 7€ en tarif réduit (professeur, étudiant, carte d’invalidité, retraité et demandeur d’emploi) et gratuit pour (moins de 18 ans, carte ICOM, journaliste, habitant d’Illiers-Combray et adhérent à la SAMP)

Tarifs de groupes : 7€ par personne (une gratuité à partir de la 21ème personne et gratuité pour l’accompagnateur) ; forfait 40€ par classe pour les groupes scolaires.

Visites de groupes sur réservation obligatoire.

  • du 15 janvier au 15 décembre, excepté le 1er mai, le 15 août et le 11 novembre, horaires et tarifs à demander auprès de la Société des Amis de Marcel Proust et des Amis de Combray au 02 37 24 30 97.

Qu’est devenue la maison ?

Cette maison est située au 4 rue du Docteur Proust à Illiers-Combray. À la suite du décès d’Elisabeth Amiot, dit « Tante Léonie », en 1886 et de son mari Jules en 1912, la maison a été vendue à des particuliers, puis en 1954, elle est rachetée par la petite fille des époux Amiot : Germaine Amiot. On peut voir une maison ancienne aux volets de bois de couleur claire dont la porte d’entrée est surmontée d’une plaque indiquant : « Maison de M. et Mme J. Amiot – Tante Léonie – Souvenir de Marcel Proust – La Maison de Tante Léonie – Musée Marcel Proust ». Le portail bleu est toujours surmonté de la clochette décrite dans le roman. Si vous avez l’œil, vous pourrez apercevoir l’année de naissance (1871) de Marcel Proust sur l’une des cheminées de la maison de tante Léonie.

« Les soirs où, assis devant la maison sous le grand marronnier, autour de la table de fer, nous entendions au bout du jardin, non pas le grelot profus et criard qui arrosait, qui étourdissait au passage de son bruit ferrugineux, intarissable et glacé toute personne de la maison qui le déclenchait en entrant “sans sonner”, mais le double tintement timide, ovale et doré de la clochette pour les étrangers, tout le monde aussitôt se demandait : « Une visite, qui cela peut-il être? » mais on savait bien que cela ne pouvait être que M. Swann. » « Du côté de chez Swann », Marcel Proust.

Dans le jardin, Jules Amiot, passionné d’horticulture, a importé de nombreuses variétés de plantes. Et de retour de ses voyages en Algérie, il décide de construire un hammam orné de faïences typiques des pays orientaux ainsi qu’une pièce appelée « l’orangerie » où l’on peut voir aujourd’hui des photos du jardin du Pré Catelan.

Germaine Amiot décide de transformer une partie de la maison en musée en hommage à Marcel Proust. On peut y retrouver des meubles et des objets que Marcel Proust a connu. Au rez-de-chaussée, il y a une partie accueil / boutique, la cuisine avec la vaisselle d’époque, une salle d’exposition contenant divers documents, des tableaux, des souvenirs de la famille Proust et Amiot, deux autres pièces servant de salons où des meubles ayant appartenu à la famille Weil (côté maternel de Marcel Proust) y sont exposés ainsi qu’un salon d’inspiration orientale… En montant les escaliers, vous pourrez découvrir la chambre de tante Léonie, celle du petit Marcel Proust et de son frère Robert, une autre pièce rassemble des objets de musique et pour terminer une chambre composée des affaires de toilette de Marcel Proust adulte.

« Quelquefois, le soir avant dîner, on jouait dans la chambre de Jean à la lanterne magique. On repoussait contre la porte le bureau encombré de livres, on fermait bien les rideaux et, ayant ôté de la vieille lampe de travail son abat-jour de carton vert, on appliquait à son verre un réflecteur : et déjà, la lumière, tout à l’heure paisiblement étalée sur la table, dans la chambre soudain obscurcie éclairait mystérieusement une place du mur. » « Du côté de chez Swann », Marcel Proust.

Au 3ème étage, vous pourrez découvrir une collection de photographies prises par Paul Nadar. Il s’agit de personnes qui ont côtoyé Marcel Proust, des membres de sa famille et aussi des personnes qui l’ont inspiré pour créer les personnages de son œuvre, par exemple, une photographie de Charles Haas qui dans le roman prend les traits de Charles Swann.

Inscription des « Maisons des Illustres »
Panneau monument historique de France

La maison de la Tante Léonie, Musée Marcel Proust est classée Monument Historique depuis 1961 et est labellisée « Maisons des Illustres ».

Depuis 1976, la maison est la propriété de la Société des Amis de Marcel Proust et des Amis de Combray sous couvert d’un bail emphytéotique avec le Conseil Départemental d’Eure-et-Loir.

En 2021, la Maison de la Tante Léonie fait partie des 18 sites emblématiques sélectionnés pour la sauvegarde du patrimoine confiée par le Président de la République à Stéphane Bern.

Adrien Proust, médecin hygiéniste, épousa en septembre 1870 la fille d’un agent de change : Jeanne Weil. Ensemble ils eurent deux garçons : Marcel, né à Auteuil le 10 juillet 1871 qui deviendra l’écrivain mondialement connu et Robert, né à Paris le 24 mai 1873 qui sera médecin comme le fut son père.

À partir de 1877, les époux Proust et leurs deux enfants prennent le train de Paris qui dessert la gare d’Illiers, dit « Combray » dans le roman « du côté de chez Swann », pour passer leurs vacances de Pâques et d’été dans la maison familiale de l’oncle et de la tante de l’écrivain. Marcel Proust est alors âgé de 6 ans.

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